La Cour des Miracles

De Wiki de l'histoire HRP des RR.

La Cour des Miracles est un quartier de Paris, le plus malfamé qui soit. C'est le lieu de résidence et de rencontre des brigands, tsiganes, fous, catins, marauds, bossus et autres malformés. L'homme qui fut à ses débuts le Reï parfois contesté de la Cour était un géant roux, répondant au nom d'Hébus, un amnésique certain d'être né troll.


Origine du nom et description

Si on donne ce nom à la Cour des Miracles, c'est car les mendiants, le soir venu, voient disparaitre leurs handicaps; les borgnes récuperent leurs yeux, les écloppés leurs jambes, les manchots leur bras, et autre ruses pour soutirer plus facilement de l'argent aux bourgeois.

Il était en effet dans cette redoutable Cour des Miracles, où jamais honnête homme n'avait pénétré à pareille heure ; cercle magique où les officiers du Châtelet et les sergents de la prévôté qui s'y aventuraient disparaissaient en miettes ; cité des voleurs, hideuse verrue à la face de Paris ; égout d'où s'échappait chaque matin, et où revenait croupir chaque nuit ce ruisseau de vices, de mendicité et de vagabondage toujours débordé dans les rues des capitales ; ruche monstrueuse où rentraient le soir avec leur butin tous les frelons de l'ordre social ; hôpital menteur où le bohémien, le moine défroqué, l'écolier perdu, les vauriens de toutes les nations, espagnols, italiens, allemands, de toutes les religions, spinozistes, aristotéliciens, averroïstes, idolâtres, couverts de plaies fardées, mendiants le jour, se transfiguraient la nuit en brigands ; immense vestiaire, en un mot, où s'habillaient et se déshabillaient à cette époque tous les acteurs de cette comédie éternelle que le vol, la prostitution et le meurtre jouent sur le pavé de Paris.

C'était une vaste place, irrégulière et mal pavée, comme toutes les places de Paris alors. Des feux, autour desquels fourmillaient des groupes étranges, y brillaient çà et là. Tout cela allait, venait, criait. On entendait des rires aigus, des vagissements d'enfants, des voix de femmes. Les mains, les têtes de cette foule, noires sur le fond lumineux, y découpaient mille gestes bizarres. Par moments, sur le sol, où tremblait la clarté des feux, mêlée à de grandes ombres indéfinies, on pouvait voir passer un chien qui ressemblait à un homme, un homme qui ressemblait à un chien. Les limites des races et des espèces semblaient s'effacer dans cette cité comme dans un pandémonium. Hommes, femmes, bêtes, âge, sexe, santé, maladie, tout semblait être en commun parmi ce peuple ; tout allait ensemble, mêlé, confondu, superposé ; chacun y participait de tout.

Le rayonnement chancelant et pauvre des feux lui permettait de distinguer, à travers son trouble, tout à l'entour de l'immense place, un hideux encadrement de vieilles maisons dont les façades vermoulues, ratatinées, rabougries, percées chacune d'une ou deux lucarnes éclairées, lui semblaient dans l'ombre d'énormes têtes de vieilles femmes, rangées en cercle, monstrueuses et rechignées, qui regardaient le sabbat en clignant des yeux.

C'était comme un nouveau monde, inconnu, inouï, difforme, reptile, fourmillant, fantastique.

(Notre Dame de Paris, Victor Hugo, modifié RR.)


Luttes de pouvoir...

La lutte pour le "trône" de la Cour entraina de nombreuses personnalités, qui se battaient pour une couronne fantôme et un pouvoir pourtant inexistant. C'est ainsi qu'est ce quartier, le sang coule, et nul ne sait pourquoi. On peut citer une fois encore Hébus, défendant son "règne", Andom II, Poilchat, Lycius ou Laquedem, se disputant aux premières heures de la Cour. Les sus-nommés sont majoritairement morts ou disparus dans d'étranges circonstances. Il y eut aussi un manouche, Reï d'une semaine, Truth qui disparut, laissant le champ libre au dénommé Danilo l'grand, souverain tyrannique qui eut sa part de responsabilité dans l'incendie de la Cour, chassé par les Libertadiens. Le dernier "monarque" est surnommé Mange-Rats, originairement un gamin des rues, affilié aux Libertad, qu'une partie de ceux-ci considèrent désormais comme traître à ses idées. Il est à noter que la plupart des Reïs n'ont jamais fait l'unanimité, une bonne partie de la Cour ne se reconnaissant en aucun souverain.

La Ballade des Pendus

Frères humains qui après nous vivez

N'ayez les coeurs contre nous endurciz,

Car, ce pitié de nous pauvres avez,

Dieu en aura plus tost de vous merciz.

Vous nous voyez ci, attachés cinq, six

Quant de la chair, que trop avons nourrie,

Elle est piéca devorée et pourrie,

Et nous les os, devenons cendre et pouldre.

De nostre mal personne ne s'en rie:

Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!


Se frères vous clamons, pas n'en devez

Avoir desdain, quoy que fusmes occiz

Par justice. Toutefois, vous savez

Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz;

Excusez nous, puis que sommes transsis,

Envers le filz de la Vierge Marie,

Que sa grâce ne soit pour nous tarie,

Nous préservant de l'infernale fouldre

Nous sommes mors, ame ne nous harie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!


La pluye nous a débuez et lavez,

Et le soleil desséchez et noirciz:

Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez

Et arraché la barbe et les sourciz.

Jamais nul temps nous ne sommes assis;

Puis ca, puis là, comme le vent varie,

A son plaisir sans cesser nous charie,

Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre.

Ne soyez donc de nostre confrarie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!


Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie,

Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:

A luy n'avons que faire ne que souldre.

Hommes, icy n'a point de mocquerie;

Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!


François Villon